Le Medumba
HISTORIQUE DE LA LANGUE MEDUMBA
Le medumba est l’une des 11 langues bamilékées. La danse s’associe à la production d’œuvres d’art pour célébrer les facettes du festival Medumba. Les symboles sont encore visibles en plein centre-ville à Bangangté
Le medumba est parlé surtout dans le département du Ndé, avec pour principales implantations Bangangté, Bakong, Bangoulap, Bahouoc, Bagnoun et Tonga. Il faut aussi dire qu’il est parlé dans la région du nord ouest avec les Bahouoc de Bali. Le medumba serait d’origine égyptienne et à la source du Bamiléké. Son nom serait issu de Medu MBa, une langue dérivée de Medu Neter, ancienne langue égyptienne, signifiant Langue divine. La population est issue de plusieurs vagues de migration venant de l’ancienne égypte.
Non loin du bâtiment abritant la commune de Bangangté, des boukarous aux toits coniques se dressent çà et là. Ils rappellent à ceux qui n’y sont pas habitués que le lieu accueille une manifestation d’envergure.
Site rayonnant
L’endroit est le même à chaque édition. Les bambous ayant servi de matériaux de construction donnent une autre dimension au site. Bangangté, chef-lieu du département du Ndé, située à 40 kilomètres de Bafoussam, doit aussi son rayonnement à ces petites cases. Là où célèbre, tous les trois ans, le festival des arts et de la culture du coin : le Medumba. Son nom se confond à la langue vernaculaire, parlée dans les treize groupements qui constituent le département du Ndé, transformé en un label : Noblesse-Dignité-Elégance. Cela renvoit à la particularité des natifs connus pour leur galanterie et leur exigence en matière d’hygiène et d’assainissement.
Promotion artistique
Le Medumba est avant tout un art, un forum rassemblant les ressortissants du Ndé autour d’un même objectif, à savoir promouvoir et défendre les valeurs culturelles et artistiques. Il veut sensibiliser le peuple – voire la diaspora – sur la nécessité de valoriser le patrimoine pluridimensionnel du Ndé en mettant côte à côte le savoir-faire des treize groupements. On s’en souvient pour déployer tout le génie-créateur. Les artisans ne manquent pas à l’appel. Les griots peuvent alors se faire entendre, à partir des contes qu’ils multiplient à longueur de journée, sans répit. Et de nombreuses légendes sur les habitants de ce département. Les danses traditionnelles sortent de leur cachot, pour donner plus de son et de couleur à une rencontre sacrée. Les populations se sentent concernées, elles qui abandonnent l’essentiel de leurs activités afin de se consacrer au Medumba. Le show dure presque une semaine. Le coordinateur du Medumba, Marcel Niat Njifenji, ex-vice Premier ministre au Cameroun et ancien directeur de la Sonel (société chargée de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun), tient des paroles de sage aux jeunes. Il faut les conscientiser au moment où la jeune génération a tendance à minimiser la culture traditionnelle. Le langage est franc face à la pandémie du Sida qui décime des vies. Le maire de Bangangté, Célestine Ketcha Courtès, saisit généralement l’opportunité pour vanter les mérites de la gente féminine, elle qui a su participer à l’épanouissement des populations, en imaginant des outils indiqués.
Le tout contribue à démystifier le Medumba pour l’ouvrir au monde moderne. On en profite pour revisiter l’histoire. Le talent des orateurs est tel qu’on veut tout savoir, tout emmagasiner. L’heure n’est plus à la simple affirmation de la trilogie Noblesse-Dignité-Elégance puisque qu’il faut passer de la parole à l’acte. Les chefs-d’œuvre se succèdent. Les promoteurs sont aussi bien des hommes que des femmes. Le Medumba joue sa partition.
Nouvelle orientation
Dans tous les villages, le Medumba donne lieu à des échanges d’expériences. Il n’est plus seulement un enseignement, comme le faisaient les missionnaires dans des écoles primaires protestantes. Le Medumba est devenu l’expression des valeurs, incarnant les faits et les gestes. La nouvelle orientation a d’ailleurs poussé les organisateurs, en 1995, à mettre sur pied l’association Kum Ntsi Medumba, au lendemain de la dédicace d’une bible traduite en langue medumba. Le Kum Ntsi Medumba devait donner plus de visibilité à une culture qui tardait à s’affirmer. Et lorsque le déclic est survenu, les festivaliers se faisaient remarquer par leurs attributs : des trônes parés d’ivoire, des sculptures en bois, des tableaux d’art retraçant des scènes de chasse. Bref, des objets sortis des répertoires.
Source: Commune de Bangangte